6 jours d'Antibes 2012 -(ultra french festival)

Surtout, lisez bien le règlement dans ses moindres détails pour éviter des surprises... ….

Pour info, la course débute à 16h00 et le premier repas chaud est servi le lendemain soir à 19h00.
Ensuite ,un seul repas jour + 1 petit dej correct par contre les tables de ravitos sont maigres
 

Comment faire le compte rendu d’un six jours qui débute à 16 heures quand tu arrives deux jours en avance à deux plombes du mat ?

Il faut broyer la machine espace, la machine temps, gommer les repères visuels car mine de rien six jours et six nuits sur un tracé d’un kilomètre ça te taquine le peu de neurones actifs à disposition.

Un rêve de trois ans, les économies d’une année, une prépa de six mois.

Un torpillage que dis-je un ouragan me disloqua le mental suite au décès de mon pote Jl quelques jours avant l’épreuve. Un phare s’est éteint à jamais pour nous les lucioles de l’ultra. C’est sans goût que je pris le départ, c’est sans goût que les heures ont commencé à défiler.

Deux ans que mon tendon d’Achilles affiche des signes alarmants de faiblesse. Deux ans que je tâtonne différents terrains pour le récupérer en entier ou du moins en partie. Sans ébruité l’info, je me suis inscrit dans une salle de remise en forme style muscu, cardio etc…. A raison de trois entrainements par semaines j’ai récupéré au fil des semaines une musculature homogène. Casser de la fibre, reposer la fibre pour qu’elle se consolide. Ils me font marrer les kékés leveurs de fonte qui ne travaillent que le haut. Le marcel pour les pecs et le pantalon de survêtement pour cacher les cannes de buis. Solliciter le moins possible le tendon d’Achille n’est pas simple, il faut savoir ronger son frein. Mais cela à payer car dix jours après Antibes aucune douleur ne s’est rappelée à mon bon souvenir.       

J’étais parti sur une base de deux marathons/24heures  mais une double erreur me renvoya dans les cordes.

1)      Le chemin des poilus et ses cailloux, style chemin des douaniers surplombant des falaises, me nique les pinceaux irréversiblement. J’aurais du, dès le début, marcher cette partie du circuit plutôt que d’alterner 2 tours courus pour 1 marché.

2)      Une insolation accompagnée d’une déshydratation me cloua le bec au milieu de la deuxième journée donc à la fin du premier 24 heures de course. Biafine, aspirine et flotte à gogo pour retaper le bonhomme.

Les podos m’ont commencé à la seringue pour me terminer à la dernière séance au scalpel. « Bigfoot » était mon joli surnom pour les amis du soleil levant. Le staff médical a fait un super bon boulot.

De 10 à 16 heures le soleil cogne dur, la sieste s’impose à l’ombre des grands arbres. Ensuite je trouve la technique, je trempe une serviette très absorbante dans de l’eau bien fraîche et je me couvre la tête et les épaules avec. Pour  ne pas qu’elle glisse je me visse  par-dessus   une casquette. Pour le look on s’en cogne, en parlant de look j’ai détruit mes trois cuissards de qualité moyenne. La mytosil m’a limité les échauffements mais c’est un bordel à nettoyer … Le service trois pièces ressemble à si méprendre à une poêlée de beurre d’escargots avec un reliquat d’anguille « riquiqui non mahous costaux ».

Le midi j’ai pris mes habitudes à deux pas de la plage, un snack ambulant propose de la nourriture correcte à prix abordables (pour Antibes). Le hic c’est que j’y perds du temps au minimum une heure chaque jour mais comme je ne veux pas trop « dépérir » j’y affute ma fourchette. Mes nuits sans Kim Wilde sont courtes (en moyenne trois heures), tu ne dors pas vraiment, t’entends les potes passer aux pieds de la tente. Fais chier l’envie de les rejoindre se fait plus forte que l’envie de leur dire de la fermer car JE DORS. Les nuits sont douces, j’en raffole c’est à cette période que j’aligne un « max « de kilomètres. Le chemin du poilu est toujours aussi rude voire pire car les ombres sont trompeuses et les pieds tâtonnent parfois. Le 5 juin j’ai eu le droit au champagne, c’est trop la classe de fêter son anniversaire parmi ceux qui partagent ta passion.

 Je ne lâche rien au fil des jours, je m’octroie le plaisir de faire quatre ou cinq tours avec les premiers du 72 heures. Le peloton prend forme, c’est grisant de ressentir que la même humeur nous anime, parfois euphorisante parfois tendue. Les infos circulent, les conneries fusent, un rien nous fait rire. Un pet d’Allemande en pleine nuit n’a de comparable que le brame du cerf en pleine forêt de Fontainebleau. 

J’ai droit à une douche avec sac poubelle sur les pieds histoire de protéger les straps, c’est trop la classe un mec à poil chaussé de cette manière avec une tonne de mitosyl sous le nombril avec son gel douche sous le bras.

Tout est prétexte à faire un tour, les chiottes sont situés à l’autre bout du camping hop un tour, une douche hop un tour, un repas hop un tour etc… hop un tour.

Faire gaffe !  bien planquer le rouleau de pq en passant devant la weeb cam, les potes guettent et sont à l’affut de croustillant. HO le ch’ti est au bout du rouleau, une capture d’écran et une réputation s’installe.

La charge émotionnelle est de plus en plus pesante. Quand je vois que mon objectif des 400 km à portée de mains  je n’arrive pas à canaliser un flot de larmes.

Les amis sont là pour partager cette émotion, me rebooster, repartir ensemble. Une fois les 400 franchi, il me reste quatre heures mais cela n’a plus ou pas d’importance, le contrat est remplie et bien remplie. Je fais un tour en marchant pour remercier tout le monde ensuite je partage une bière avec un bénévole à l’ombre d’un arbre dans le grand virage. Les yeux rouges je tape dans la main de chaque participant et chaque participante en les félicitant. C’est énorme il faut le vivre pour le comprendre.

C’est con la vie, on vient de rien, on va nulle part et entre deux on se prend la tête pour rien. 

Les 550km sont à ma portée

1)      Perdre  de 5 à 8 kilos

2)      Avoir un accompagnateur pour préparer la bouffe et soigner chouchouté mes petits pieds.

3)      Une tente ou l’on peut y rentrer debout .

4)      Comme lit un fauteuil de camping avec position couché histoire de repartir plus facilement.

5)      Prendre plus de fringue histoire de ne pas avoir à en laver.

6)      Un frigo et un camping gaz.

Mais si je fais tout cela je perds mon identité.

Merci l’organisation.

Merci les bénévoles.

Merci tout particulier à Vincent et Claude pour ces précieux moments.

Merci à Laurent 05 pour le gueuleton et la visite d’Antibes.

Merci à l’ensemble des participants des trois épreuves et merci à vos accompagnateurs qui nous cocooné également.

Merci la famille et les proches pour tous vos messages d’encouragement via le site qui sont de l’énergie en barre.

Tu vois mon Lolo encore un rêve de réaliser

        C'est vrai que les histoires d'amour c'est comme les voyages en train,

Et quand je vois tous ces voyageurs parfois j'aimerais en être un,

Pourquoi tu crois que tant de gens attendent sur le quai de la gare,

Pourquoi tu crois qu'on flippe autant d'arriver en retard.

Pour beaucoup la vie se résume à essayer de monter dans le train,

A connaitre ce qu'est l'amour et se découvrir plein d'entrain,

Pour beaucoup l'objectif est d'arriver à la bonne heure,

Pour réussir son voyage et avoir accès au bonheur.